Silencieuse évaporation

Courrier envoyé ce jour à Charlie.

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Bonjour.

J’ai 69 ans et ai découvert Charlie lorsqu’il s’appelait Hara-Kiri Hebdo, publication qui démontra à mes 17 ans que journalisme et honnêteté intellectuelle étaient conciliables.
(Chose dont il était légitime de douter dans les années de gaullâtrie forcenée façon Peyrefitte/Fouchet.)

Je serais surpris d’être le seul de vos anciens lecteurs à m’interroger au sujet de l’absence/silence d’Alice et d’Inna Chevtchenko.

Pour ce qui concerne Inna, je peux imaginer qu’elle s’investisse dans un « ailleurs » plus en phase avec sa fibre patriotique ; mais Alice ??

Serait-il possible d’avoir un petit bout d’information concernant leurs « disparitions » ?

Merci.

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Je suis curieux de la réaction ...

Reçu aujourd’hui (le 25) la réponse ci-dessous :

Bonjour,
En effet, vous n’êtes pas le seul à nous demander où est passé Alice.
Elle a quitté le journal pour d'autres aventures. Tout va bien pour elle.
Je profite de ce message pour vous remercier de votre fidélité de longue date.
Bien à vous.
Agnès

« Tout va bien pour elle » est-il dit …

… ? … ? … ? …

Son trait, sa sensibilité, son immense talent ne faisaient qu’appuyer ce que j’avais cru comprendre : que Charlie était « son » terrain d’aventure de prédilection.

Je refuse de croire qu’Alice l’ait « quitté » comme un chef change de cuisine, suite à une contrariété de diva.

Je veux bien croire qu’une femme de conviction comme elle a pris cette initiative ; par contre, je suis convaincu qu’elle a vécu son départ comme une douloureuse déchirure.

Je ne pense pas que « tout » aille si bien pour elle.

Je n’arrive pas à m’y faire.

Alice était à la fois la plus jeune et la plus prometteuse recrue d’« après-massacre », pour dire : je lui voyais le talent d’un Gébé, d’un Reiser, esprit libre avec déjà un style bien à elle.

Je n’imagine pas Cavanna saluer son départ par un « Elle a quitté le journal pour d'autres aventures ».

En fait, s’il n’avait pas pu la retenir, je suis certain qu’il l’aurait invitée à le faire dans le respect du lecteur :
« Dans le prochain numéro, tu auras une page pour t’expliquer. »

En aucun cas, j’en suis convaincu, il aurait admis qu’elle quitte le journal sur la pointe des pieds ; ce qui immanquablement ne peut que laisser planer un doute suspicieux chez le lecteur intéressé.

Pffff …

Texte envoyé aujourd’hui :

Bonjour Agnès.
J’aimerais vous faire part d’une idée qui m’est venue.

C’est une idée un peu saugrenue, j’en conviens, mais qui aurait su trouver le chemin de la bonne oreille de notre cher Cavanna et y obtenir son intérêt.

Demain, c’est la réunion du mercredi-youppie !

Vous serait-il possible d’y évoquer les interrogations de certains lecteurs concernant la mystérieuse disparition d’Alice, et d’y souligner l’importance d’en diffuser l’information.

Il y aurait, à mon humble avis, une initiative simple, intellectuellement honnête, et surtout très « Charlie » pour ce faire :
Offrir un bout de page à Alice dans le prochain numéro et l’y inviter à dignement prendre congé du lectorat.

En vous remerciant.


Quel que soit le résultat des courses, ce sera édifiant.